Histoire

Par Christian De Lusy

Dès le XIVème siècle nous trouvons des seigneurs de Savignac à la tête de la noblesse du Bazadais qui rendaient hommage au roi d’Angleterre. Cette petite seigneurie possédait alors une cour de justice sur le terrain restreint de la paroisse devenue commune en 1790. Un château, siège de cette baronnie domine la Bassanne. Il est toujours habité et entretenu. Il faut citer également le château de Bonnegarde dont la construction par Jean de Béarn remonte avant 1495 et fut retiré de la dite seigneurie par Gallienne de Marsenac (ou Marcenac) pour le donner, le 2 avril 1594, à son neveu Arnaud de Peyrusse.

Le village est situé sur la grande route de La Rèole à Bazas et, les pèlerins ou les voyageurs empruntaient le chemin qui remontait la Bassane pour parvenir à Aillas, puis au carrefour de Mitton. La grosse église pouvait être une halte, étant donné la dévotion locale à Saint Roch, protecteur des voyageurs malades. La baronnie posséda un temple protestant de 1673 à 1685; sans doute dans une aile du château car le baron de l’époque, Vincent de Pédesclaux, de Nérac, appartient à la religion huguenote. Ce temple fut supprimé en 1685.
Pays de tradition agricole, son sol fertile a permis le développement de la culture du tabac gris qui constitua longtemps une ressource régulière, très contrôlée par les agents de l’état. Aujourd’hui cette culture a été remplacée par la culture du tabac blond ; ce qui exige un séchage des feuilles dans des étuves. Les séchoirs bâtis en bois qui marquent le paysage agricole de la commune sont devenus inutiles et servent comme hangars, réserves, garages et parfois sont transformés en habitation. L’industrie a pris naissance dans cette commune par l’installation d’une fabrique de charpente métallique.

Les Seigneurs de SAVIGNAC

Au début du XIVe siècle nous trouvons un Bertrand de Savignac qui fut nommé prévôt de Bazas par le roi d’Angleterre. De même, nous retrouvons un Assaut de Savignac à qui le roi d’Angleterre s’adressa le 30 septembre 1324 pour l’engager à être fidèle comme par le passé. Le 27 avril 1330, Edouard III écrit de nouveau à ce même Savignac pour ce qu’il a fait pour lui et pour ses ancêtres, à combien de périls il a été exposé, lui et les siens, pour la cause du roi.

Le 12 septembre 1357, la paroisse et le lieu de Savignac, avec quelques autres paroisses du voisinage, furent chargées de contribuer aux fortifications de La Réole. Il est assez probable que le seigneur de Savignac s’exempta de cette charge ; en effet, il ne relevait que du roi d’Angleterre, ainsi que le prouve l’hommage qu’Arnaut de Lacassaigne (ou de Cassaigne), seigneur de Savignac fit au prince de Galles le 13 juillet 1363 avec des députés d’Agen dans la cathédrale de Bordeaux.

Au XVIème siècle, le château de Savignac appartenait alors à Marie de Haubert qui épousa Pierre de Béarn, seigneur de Bonnegarde. Cette dame décède sans enfant. Pierre de Béarn épouse alors, en secondes noces, Catherine de Castelnau, dont il eut un fils Gaston de Béarn. Il s’en suit un procès car Joyne du Bueil et Catherine de Haubert, sa mère, prétendent devoir hériter de la terre de Savignac à l’encontre de Pierre de Béarn. Le parlement de Bordeaux, par arrêt du 5 juillet 1540, fit droit à cette prétention. Ces dames furent donc maintenues en la possession de cette seigneurie en rendant à Gaston de Béarn (Pierre de Béarn étant mort entre temps) une somme se montant à 6 000 livres environ. Gaston de Béarn, encore mineur, eut pour tuteur monseigneur Charles de Grammont, archevêque de Bordeaux, et pour curateur et administrateur de ses biens, Alain de La Mote, seigneur de Castelnau de Mesmes qui, après le décès de Pierre de Béarn, avait épousé sa veuve, Catherine de Castelnau. Par suite de l’arrêt susdit, Alain de La Mate reçut la somme versée par les Dames de Haubert, puis il se pourvut en nullité contre cet arrêt, et fit remettre Gaston en possession de la seigneurie de Savignac en promettant de restituer les sommes perçues pour son pupille à l’héritier des dames de Haubert, André de Piis. Alain de La Mote ne tint pas sa promesse. André de Piis resta donc seigneur de Savignac, et son héritière, Galliène de Marsenac, obtint de rester possesseur de la terre de Savignac.
Galliène de Marsenac avait épousé Jean de Grignols, seigneur dudit lieu. Lors de la convocation du ban et de l’arrière-ban de la sénéchaussée de Bazas, le 23 mai 1557, cette dame et son mari furent chargés de fournir un chevau-léger. Cette dame vendit la terre de Savignac et son château avec tous les droits et devoirs y attachés, le 29 mars 1594, à Olivier de Combes, seigneur du Mirail et coseigneur d’ Auros, pour la somme de 16 500 écus. Quelques temps avant, en 1594, Galliennne de Marsenac avait donné la terre de Bonnegarde, sise en la juridiction de Savignac, à son neveu Arnaud de Peyrusse et à Galliènne (alias Marie) fille d’Arnaud. A peine la vente de Savignac connue, Arnaud de Peyrusse reçut de son oncle François de Marsenac, prévôt en l’église de Saint François de Conques au diocèse de Rodez, frère de Gallienne de Marsenac, une procuration datée du 2 avril 1594 (alias 19), pour retirer ladite seigneurie, qui entra ainsi dans la famille de Peyrusse. Arnaud de Peyrusse qui avait épousé Peyronne de La Rose, vint du Rouergue où était Je berceau de sa famille pour s’établir dans le Bazadais. C’est ainsi qu’il fit son testament dans le château de Savignac, le 25 mars 1622. Marie dePeyrusse, fille d ‘Arnaud de Peyrusse, épouse le 11 mai 1627, Mathieu de Tamanhan et devint ainsi seigneur de Bonnegarde. Cette famille garda cette maison noble jusqu’au XIXème siècle. Le 6 septembre 1824 par devant maître Sicard, notaire à Bordeaux, Jean Baptiste de Tamanhan, écuyer, vend à Monsieur Jean Baptiste Duffour de Barthe la nue propriété indivise du domaine de Bonnegarde, composé d’un château, bâtiments d’exploitation, cours, jardins, métairies, bois, près, terres labourables, vignes , pacages, landes … d’une contenance de deux cent soixante treize arpents quatorze perches, vingt deux mètres. Monsieur Jean Baptiste Duffour de Barthe réglant les dettes du second copropriétaire, Monsieur de Guiraudès de Saint Mézard, deviendra ainsi seul propriétaire de ce domaine de Bonnegarde. 

En 1641, nous trouvons cette seigneurie de Savignac dans les mains de Pierre de Pédesclaux, écuyer, seigneur de Sornac. Cette même année, il fit hommage à Louis XIII de la terre de Savignac en se qualifiant de baron. Titre confirmé dans l’hommage que Jérôme de Tamanhan, seigneur de Bonnegarde, rendit à sa veuve Anne de La Lande.

La famille Pédesclaux posséda la terre de Savignac jusqu’au début du XVIIIème siècle. Le 4 juillet 1713, les trois sœurs Pédesclaux, Jeanne, Suzanne, autTe Suzanne, toutes trois héritières de François de Pédesclaux, leur frère, et en cette qualité propriétaires de la baronnie de Savignac, vendirent à messire Jacques Bel, chevalier, conseiller du roi, président, trésorier général de France, et garde-sel au bureau des finances de Bordeaux, y demeurant la baronnie, avec tout droit de haute, moyenne et basse justice, et tous les droits et devoirs y attachés ; un moulin qui en dépendait, moulant à deux meules; sept métairies appelées du Grangier (Grand Jay), du Paché, de Cadillac, de Niaud, de La Barthe, de La Graula, de Chainette, et toutes les terres dépendantes de ces métairies et du château. Cette vente fut faite au château de Savignac par acte passé devant Le Moyne, notaire royal à Bordeaux et en présence de messire François de Tamanhan, écuyer, seigneur de Bonnegarde et Pierre Le Moyne, prêtre.

Lorsque Jacques Bel acquit cette seigneurie, le château de Savignac était dans un état déplorable. Son fils, Jean Jacques Bel, né le 20 mars 1693, en hérita ainsi que le prouvent les hommages qu’il reçut des seigneurs de Bonnegarde. Il mourut le 15 août 1738 instituant par son testament son héritier universel Jean Jacques Joseph de Saint Marc de Razens, son neveu qui était en 1760, seigneur de Savignac. En 1762, Jean Paul André de Saint Marc, chevalier, est qualifié de seigneur de Savignac. Au moment de la Révolution, nous trouvons Monsieur de Laborie de Primel, qui était aussi seigneur de Roquetaillade à la tête de cette terre de Savignac puis au milieu du XIXè siècle, Monsieur de Guiraudès, baron de Saint Mézard en est propriétaire.